Encore trop méconnue, la VAE célèbre ses 20 ans

Pour relancer le dispositif dont le recours a tendance à décroître, le ministère du Travail et le Haut-commissariat aux compétences ont lancé une expérimentation en septembre 2021 avec d’autres ministères certificateurs (Santé, Agriculture).

S’exonérant de certaines contraintes réglementaires actuellement en vigueur, cette expérimentation vise à raccourcir les délais de parcours menant à l’obtention de la certification en agissant sur les principales étapes de la démarche, dont celles portant sur la recevabilité du dossier ou sur le processus d’accompagnement en le renforçant pour certains publics. Il est également envisagé de créer un portail numérique unique qui servirait de point d’entrée partagé par tous les organismes certificateurs. 

Pour piloter cette expérimentation baptisée Reva, les pouvoirs publics s’appuient sur une « start-up d’État », Beta, avec pour objectif de permettre à 400 personnes d’obtenir une validation en quatre mois.

Parmi les certifications visées figurent celles permettant de décrocher le diplôme d’État d’accompagnant éducatif et social ou le titre professionnel d’agent de service médico-social. Les résultats de l’expérimentation sont attendus tout prochainement.
 

Pour mémoire, selon le code du travail, est éligible à la VAE toute personne, quels que soient son âge, sa nationalité, son statut et son niveau de formation, qui justifie d’au moins un an d’expérience en rapport direct avec la certification visée (diplôme, titre professionnel ou certificat de qualification professionnelle – CQP). À condition que cette certification soit bien enregistrée au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) dont la gestion est assurée par France compétences, l’établissement public chargé de la régulation et du financement du système de formation professionnelle. 

Point important, la validation peut porter sur tout ou partie de la certification en fonction du profil du candidat et notamment de son niveau de diplôme et de son parcours professionnel. Surtout, les personnes s’engageant dans la démarche doivent bien avoir conscience que ce projet peut demander un investissement personnel conséquent afin de se constituer un dossier solide soumis à un jury d’évaluation.

Ce dernier est composé en majorité d’enseignants-chercheurs ainsi que de personnes ayant une activité principale autre que l’enseignement mais disposant des compétences nécessaires pour apprécier la nature des acquis soumis à validation.
 

Première étape, il s’avère fortement utile de commencer par prendre contact avec un des centres de conseil sur la VAE présents sur l’ensemble du territoire. Dans ce cadre, un conseiller permet au candidat d’affiner son projet et de faire le choix de la certification qui sera la plus appropriée et réaliste à obtenir par rapport à son projet. Une fois définie, la demande est adressée au certificateur (ministères pour les diplômes et titres professionnels, branches professionnelles pour les CQP, réseaux consulaires, établissements d’enseignement privés…). 

Attention, la démarche peut avoir un coût, certaines dépenses étant parfois liées à la mise en œuvre de la procédure par le certificateur (par exemple dans le cas du suivi d’un module obligatoire de formation complémentaire), ou encore à des frais de transport dans le cadre d’un accompagnement nécessitant des déplacements loin de son domicile. Le candidat peut financer sa démarche VAE à titre individuel ou en mobilisant son Compte personnel de formation (CPF), mais aussi en sollicitant des financeurs déterminés par son statut : pour les salariés, il s’agit le cas échéant de l’employeur, des Opérateurs de compétences (Opco) ou encore des associations paritaires Transitions Pro qui ont succédé aux ex-Fongecif en 2020. Pour les demandeurs d’emploi, l’opérateur de référence est Pôle emploi. 

À noter : tout candidat peut demander à son employeur un congé pour préparer sa VAE. D’une durée de 24 heures qui peuvent être consécutives mais sont le plus souvent fractionnées sur plusieurs journées ou demi-journées, ce congé doit cependant être sollicité 60 jours avant le début de la démarche de validation. L’employeur dispose alors de 30 jours pour notifier sa réponse qui peut se traduire par un rejet ou un report de six mois à compter de la date de la demande. À défaut de réponse, la demande est acceptée de droit.
 

Assurée par le jury de validation, l’évaluation finale s’appuie sur le dossier présenté par le candidat et peut éventuellement donner lieu à des mises en situation professionnelle selon la certification demandée. Un entretien a ensuite vocation à apporter des compléments d’information permettant au jury d’arrêter sa décision et, selon les cas, d’accorder des équivalences partielles nécessitant de faire l’objet de contrôles ultérieurs en vue de l’obtention d’une certification complète.

Reste qu’en dépit des objectifs ambitieux affichés il y a vingt ans, la VAE demeure aujourd’hui sous-utilisée. Le nombre de validations est même en déclin depuis plusieurs années : ainsi, en 2020, seuls 42 000 candidats ont déposé un dossier de recevabilité en vue d’obtenir par la VAE un diplôme ou un titre délivré par l’État (-25 % sur un an). De même, « le nombre de candidats qui se sont présentés devant un jury de VAE a diminué de 18 % par rapport à 2019, avec 30 000 personnes concernées ». Parmi elles, « un peu plus de 18 000 candidats ont obtenu la certification visée (validation complète) », des résultats « en baisse de 16 % par rapport à 2019 » et qui atteignent leur plus bas niveau depuis 2004.

Ces résultats doivent toutefois être nuancés en raison des perturbations induites par les conséquences de la crise sanitaire.